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lundi 18 octobre 2010

2ème édition du Med-IT “Il faut que l’accès au réseau soit rapide, de bonne qualité et moins cher”

M.Henri de Maublanc au Salon international des Technologies de l'Information, Med-IT./DR

Le salon international des technologies de l'information, Med-IT, a démarré sa deuxième édition hier à Casablanca. Plus de 150 exposants sont au rendez-vous de l’événement phare du numérique. L'invité d'honneur du salon, Henri de Maublanc, président de l'Association Française du Commerce et des Services en ligne, nous livre dans cet entretien ses appréciations sur les avancées du Maroc.

M.Henri de Maublanc au Salon international des Technologies de l'Information, Med-IT./DR
Le coup d'envoi de la 2ème édition du Med-IT a eu lieu hier à Casablanca. Un Salon réunissant 150 exposants venus de plusieurs pays dont l'Algérie, la Tunisie, la France, l'Espagne et l'Italie. Plus de 1.000 visiteurs professionnels ont manifesté leur intérêt à renouer avec le monde des technologies, à rencontrer d'autres professionnels et surtout à détecter les opportunités d'affaires de ce secteur d'avenir.
L'inauguration du Salon a été faite par le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami, et par l'invité d'honneur Henri de Maublanc, président de l'Association Française du Commerce et des Services en Ligne. Ce dernier, en précurseur du e-commerce français, a bien voulu partager avec nous, dans un entretien exclusif, sa vision du numérique marocain.
Quelles sont vos impressions sur l'évolution des technologies de l'information au Maroc?
Je pense qu'une véritable saga est en train de se produire dans ce pays. Le Maroc connaît une rupture avec le mode des échanges classiques et cela constitue une base solide et favorable pour son industrialisation. Le numérique, au travers d’une technologie de plus en plus performante et de moins en moins coûteuse, bouleverse les infrastructures et les schémas existants, et donne finalement, avec un investissement beaucoup moins gourmand, les moyens d’entrer directement dans la mondialisation. C’est un défi immense, les enjeux sont extrêmement importants. Et ce sont des choses qui concernent, au-delà de l’économie, toute la société.
Pour un pays comme la France, il a fallu 70 ans pour qu’on ait cinq millions d’abonnés au téléphone. En 15 ans, on a eu, en gros, 15 millions d’abonnés à Internet, 40 millions d’internautes et 25 à 30 millions de Français qui achètent en ligne.
Au Maroc, l’Internet a commencé un peu plus tard, on est déjà près de 15 millions d’internautes, dont près de 3 millions d’abonnés.
“La rupture numérique au Maroc avance beaucoup plus vite que la rupture numérique des sociétés industrielles.”
Comment le numérique peut-il être un vecteur de croissance de notre économie?
Le monde numérique développe de nouveaux paradigmes générateurs d’une formidable possibilité entrepreneuriale. Pour entreprendre, il faut être dans un monde où les rentes ne sont plus dominantes, c'est-à-dire où la concurrence est encore flexible.
Vous avez, dans votre pays, réussi l’intégration du téléphone. Plus de 90% des Marocains ont déjà accès à la téléphonie mobile. Qui aurait pu penser à un développement pareil il y a seulement une dizaine d’années? Il n’y a que la rupture numérique qui permette de faire ça.
La révolution numérique touche pratiquement toutes les strates de la société. Sans compter les facilités en termes d’éducation, d’enseignement, de commerce, d'échanges etc...
Finalement, le e-commerce est la partie la plus médiatisée et la plus visible de cette révolution numérique. Quels en sont les enjeux et de quoi avons-nous besoin?
Le e-commerce est un des vecteurs extrêmement importants du changement. Sur le Net, la concurrence est ouverte, c’est un véritable moteur pour le pouvoir d’achat, et pour la création de nouvelles entreprises.
Je pense que le e-commerce va se développer ici, comme dans tous les pays où il s’installe. Pour que ça marche, il y a plusieurs conditions qui sont très importantes.
“Il faut que l’accès au réseau soit rapide, de bonne qualité et il ne faut pas que son accès coûte trop cher, sinon la moitié de la population n’y aura pas accès facilement.”
L'accès au réseau est encore trop cher au Maroc. S'il coûte ici environ 200 Dh par mois, un accès au réseau en France, incluant téléphone illimité et télévision numérique, coûte dans les 30 euros. Je crois que ça ira très vite au Maroc parce que l’avantage de votre pays est que vous avez un secteur des télécoms ouvert, c'est-à-dire que ce n’est plus un monopole d’Etat mais un ensemble d’entreprises privatisées qui se concurrencent. La concurrence va faire qu’elles vont développer des offres pour gagner des clients et le marché va s’ouvrir sur cette partie-là.
Il faut par ailleurs que les micro-ordinateurs se diffusent dans les foyers. Les cybercafés, c’est un très bon début, mais quand l’internet pénétrera dans les foyers, le e-commerce se développera substantiellement.
Les cybercafés, c’est un très bon début... Mais quand l’internet pénétrera dans les foyers, le e-commerce se développera substantiellement.
Il faut aussi un système de paiement électronique qui soit simple et généralisé. Le faible taux de bancarisation est un défi majeur à relever. Des alternatives commencent à se développer: si peu de personnes disposent d'une carte Visa ou MasterCard, beaucoup ont des cartes de banques. Celles-ci sont tout à fait susceptibles de servir de moyen de paiement électronique. Sans oublier que le numérique est un moyen de stimuler le taux de bancarisation.
D'après vous, combien de temps nous faut-il pour que le e-commerce marocain atteigne le niveau escompté?
D’après ce que j’ai pu voir, entendre ou lire, le Maroc est dans une dynamique extrêmement profitable, d’autant que vous avez commencé il y a déjà longtemps. Casablanca est devenu une plateforme mondiale pour les échanges téléphoniques. Après la téléphonie mobile, il vous faudra réussir l’Internet Haut débit, parce que sans cette infrastructure, le e-commerce ne pourra pas se développer. Aujourd’hui nous devons considérer ces choses-là comme une commodité, ce qui implique que les coûts d’accès des ordinateurs, des tablettes, du mobile et du réseau devront diminuer fortement.
Je pense que dans cinq ans, le e-commerce marocain sera très significatif, et le taux de croissance sera très fort. Ce sera long, mais ceux qui démarrent maintenant seront les gagnants d'ici cette échéance.
Henri De Maublanc
En tant que président de l'ACSEL (Association Française du Commerce et des Services en Ligne) durant 14 ans, Henri de Maublanc a initié le développement du E-commerce en France. Sous sa conduite, l'Association a pu anticiper et accompagner les évolutions techniques et sociétales qui ont profondément modifié le paysage économique français, européen et mondial.
Fondateur d'Aquarelle.com, leader dans la vente de fleurs en ligne, Henri de Maublanc est également un vétéran du minitel (un des ancêtres logiques d'internet).

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