Sagesse

La Pensée Du Jour

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mercredi 1 décembre 2010

Recherche & innovation Une nouvelle niche pour les délocalisations

· L’Etat veut en faire un moteur pour l’investissement étranger

· Deux conventions avec STMicroélectronics et Matra


· Le secteur privé local contribue pour près de 400 millions de DH


Le Maroc n’est pas si mal loti en matière de recherche & développement. Des progrès importants ont été réalisés notamment par le secteur public. Quant à la qualité de nos chercheurs, elle est reconnue à l’échelle internationale, bien plus qu’au niveau local: Nul n’est prophète en son pays! Pourtant, par ignorance ou par dédain, nos entreprises optent souvent pour des missions d’experts étrangers coûteuses alors qu’il y a souvent sur place les expertises nécessaires. Entre-temps, les compétences locales ont du mal à approcher le monde industriel pour comprendre ses préoccupations et résoudre ses problèmes.
Alors, comment établir une passerelle entre l’entreprise et le monde de la recherche scientifique? Par l’innovation. C’est le seul moyen d’améliorer la productivité et donc la compétitivité du tissu industriel. L’enjeu est de taille, l’économiste français Christian De Boissieu l’a bien souligné lors d’une conférence organisée la semaine dernière par la BCM (www.leconomiste.com). Dans un contexte d’ouverture des marchés, la recherche et l’innovation ne doivent pas être l’apanage exclusif des pays occidentaux; cela représenterait, selon lui, un véritable danger pour les pays en développement.
Pour amener l’entreprise marocaine à s’impliquer davantage dans ce domaine, le ministère délégué chargé de la Recherche scientifique a mis en place une stratégie spécifique. L’objectif étant de renforcer la dynamique enclenchée depuis près de 2 ans, axée sur la contribution du secteur privé. “A travers des opérations de partenariat avec le privé, le ministère veut mettre en avant le capital humain et promouvoir le tissu industriel, tout en jouant le rôle de facilitateur, avec le soutien d’autres départements, notamment le Commerce et l’Industrie”, précise Hamid Bouabid, chef de division Valorisation et Innovation technologique.
Parmi les projets-phares en cours de réalisation, la création du nouveau centre de recherche & développement de STMicroélectronics à Rabat. Le fabricant franco-italien de composants électroniques mise 100 millions de DH et créera 350 emplois stables. Par ailleurs, Matra Ingeneering (Pinninfarina) lance un centre de recherche automobile à Casablanca, qui emploiera une soixantaine d’ingénieurs et techniciens de haut niveau moyennant un investissement de 34 millions de DH. A préciser qu’il s’agit d’un des grands designers mondiaux spécialisé dans la conception de véhicules Alpha Roméo et General Motors entre autres. A ce jour, près de 26 ingénieurs ont déjà été sélectionnés pour suivre une formation alternée. Pour les deux projets-pilotes, l’Etat a apporté son assistance afin d’activer les démarches administratives et accordé le foncier à un prix symbolique.
Les autres secteurs offrent de réelles opportunités, notamment les nouvelles technologies de l’information, l’électronique, l’automobile, l’agroalimentaire et la biotechnologie.
L’aéraunotique constitue également une nouvelle niche porteuse pour le Maroc (www.leconomiste.com). Les premiers industriels ont sondé le marché en délocalisant pour commencer les activités de montage et d’assemblage des pièces. Certains d’entre eux se sont déjà lancés dans la production. Si les rendements s’avèrent satisfaisants, il n’est pas exclu qu’ils poursuivent l’intégration en amont, en délocalisant progressivement leur pôle recherche & développement.
Des niches de délocalisation existent donc, tout comme des compétences locales. Reste à améliorer la force de frappe. Le ministère en a fait l’une de ses priorités en lançant la restructuration du système de la recherche scientifique.


STMicroélectronics lance son centre de recherche

La commission des investissements vient de statuer sur le projet de contrat liant STMicroélectronics à l’Etat. Le projet évalué à 100 millions de DH porte sur la construction d’un centre de recherche spécialisé dans le développement de circuits intégrés complexes (systèmes sur puce). Ces circuits sont destinés à des applications électroniques grand public telles que la télévision numérique, les lecteurs DVD, les écrans plats, les appareils photo et caméras numériques. Le centre emploiera 350 ingénieurs et techniciens de haut niveau.
L’Etat contribuera pour un montant de 4 millions de DH, au titre des dépenses d’infrastructures externes. Le terrain acquis en location longue durée au prix symbolique de 2 DH/m2 et par an s’étend sur 2,7 hectares. Dans l’immédiat, le centre occupera la moitié de la superficie avec des possibilités d’extension à terme.


OCP, ONA, Maroc Telecom et les autres

Parmi les entreprises publiques, l’expérience de l’OCP est la plus emblématique. L’office dispose de 2 filiales dédiées à la recherche & développement, Smessi et Cerphos. Cette dernière compte à son actif plusieurs brevets et procédés techniques qui ont permis de valoriser localement le produit brut avant son exportation. Dans le secteur privé, l’effort global est estimé à près de 387 millions de DH. A titre d’exemple, Managem, du groupe ONA, a créé Reminex, une filiale spécialisée dans les activités de recherche dans les domaines de l’exploration et de la géologie. Le groupe consacre en moyenne 150 millions de DH par an aux activités R&D. Dans les télécoms, la loi 24/96 prévoit l’affectation à la recherche de 0,25% du chiffre d’affaires des services concédés ou privatisés. En 2003, l’enveloppe destinée au financement de la recherche dans le secteur s’est élevée à 37 millions de DH. Les Domaines agricoles contribuent pour leur part de manière active au progrès de la recherche variétale. En dépit de l’absence de données chiffrées, une enquête du ministère du Commerce et de l’Industrie estime que les entreprises privées dans les secteurs des IMME, textile, cuir et agroalimentaire, consacrent pas moins de 200 millions de DH à la recherche.


Matra Ingeneering s’installe

Le projet de centre de recherche et de développement des équipements automobiles porte sur un montant de plus de 34 millions de DH. Implanté à Casablanca sur un terrain de 2.000 m2, le centre s’étendra sur une superficie couverte de 800 m2. Il générera 60 emplois et assurera des stages de formation pour les étudiants.
Grâce au transfert de technologie et des compétences, il est prévu d’en faire un centre autonome à terme. Matra table sur un chiffre d’affaires prévisionnel de 33 millions de DH en 2006.
Le projet bénéficie de la contribution du Fonds Hassan II pour l’acquisition du terrain et la construction des bâtiments.
L’Etat met aussi la main à la poche. Il prend en charge 5% du coût d’investissement global au titre de la formation professionnelle. Le ministère chargé de la Recherche scientifique accordera une contribution complémentaire de 3,3 millions de DH. La société bénéficiera aussi du système de contrats spéciaux pour la formation des salariés.
Elle projette par ailleurs de créer un centre d’essais et de recherche automobile sur un terrain de 60 hectares, moyennant un investissement de 50 millions de DH.

Mouna KABLY 


Source:http://www.leconomiste.com/article.html?a=55036

 

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