Sagesse

La Pensée Du Jour

"Autrefois, on s'instruisait pour soi-même. Aujourd'hui, c'est pour en imposer aux autres. "-- Robert Louis Stevenson --

mercredi 26 janvier 2011

Programme Génie «Il faut accorder à tous les acteurs un temps de latence» Entretien avec Ilham Laaziz, directrice du programme Génie

  • Le numérique, incontournable
  • Infrastructures scolaires: mise à niveau urgente

       
C’est Mme Programme Génie du ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la formation des cadres. Ilham Laaziz pilote ce chantier. Aujourd’hui, le programme fait son petit bout de chemin. Et ce n’est pas parce que les écoles ne sont pas encore à niveau qu’il faut attendre qu’elles le soient pour intégrer l’enseignement multimédia. L’école doit, selon la directrice, enseigner aussi bien le côté ludique que pédagogique de l’outil multimédia. Car l’enfant naît aujourd’hui dans un environnement où le virtuel est prédominant (internet, jeux vidéo, réseaux sociaux). Résistance, conduite du changement, mise en place des ressources numériques... Ilham Laaziz revient sur ces grands chantiers.

- L’Economiste: La résistance du corps enseignant à la mise à niveau informatique et au changement dans le mode d’enseignement a été souvent relevée. Qu’en est-il aujourd’hui?


-
Ilham Laaziz: La question de la résistance des enseignants est tout à fait naturelle car toute innovation ou nouveauté (outils pédagogiques, supports didactiques, etc.) crée de l’insécurité, de la méfiance et, par conséquent, de la résistance. Par contre, dès qu’on montre la valeur ajoutée de ces outils, notamment des TI, l’attitude de l’utilisateur change. Et c’est justement là où nous intervenons à travers nos actions qui visent la conduite de changement et le développement des usages. C’est dans ce sens que l’axe «développement des usages» a été intégré dans la nouvelle vision et feuille de route du programme Génie 2009-2013 pour communiquer autour des actions TICE (1), sensibiliser tous les acteurs clés et valoriser les bonnes pratiques. Concrètement, tous les axes contribuent à la conduite de changement. A travers l’axe formation, on vise à doter les enseignants de compétences techno-pédagogiques pour une meilleure intégration effective des TI en classe. A travers l’axe ressources numériques, on outille les enseignants avec des ressources didactiques pour supporter leurs pratiques en classe et finalement l’équipement et l’accès à l’Internet sont les outils de base nécessaires pour appréhender les TICE.

-Vous faites parfois appel à des sociétés étrangères pour développer des contenus. Sont-elles habilitées à le faire sachant qu’elles ne connaissent pas la réalité et les besoins en formation du pays?


- Il faudrait peut-être rappeler que notre stratégie de ressources numériques est basée sur une démarche complète de production et d’acquisition selon la nature des ressources numériques à mettre à la disposition des enseignants et des apprenants. Notre recours aux appels d’offres ouverts aux entreprises nationales et internationales représente un choix procédural dont l’objectif est de garantir un meilleur rapport qualité/prix des produits pédagogiques acquis. Les entreprises qui soumissionnent sont de deux types: professionnelles du multimédia éducatif et reconnues à l’échelle internationale ou débutantes qui sont plus confirmées dans le marché de l’édition. Nous avons eu des ressources numériques produites par des sociétés marocaine (Eclisse), tunisienne (Sanabil Med), jordanienne (Rubicon), française (Edumedia), roumaine (Siveco), etc. Notre haute priorité c’est la qualité de la ressource à diffuser. Toutes ces sociétés ont travaillé étroitement pendant trois mois et plus avec des équipes d’inspecteurs et d’enseignants marocains pour localiser et adapter les contenus au contexte éducatif marocain. Au-delà de nos aspirations pédagogiques, le programme Génie, qui est l’un des projets structurants de Maroc Numeric 2013, ambitionne l’émergence de l’industrie nationale du multimédia pédagogique, d’où la volonté, dans les appels d’offres, d’encourager les entreprises locales à s’associer à celles internationales plus confirmées dans ce domaine et ce, afin de gagner en compétence.


- Beaucoup d’écoles ont besoin d’être rénovées. A quoi serviront les TI si le cadre n’est pas à niveau?


- En attendant que l’état de nos écoles soit parfait, nous risquons d’élargir le fossé numérique et de priver nos enfants et élèves du droit à l’information et au savoir numérique. Le ministère est en train d’œuvrer, dans le cadre des 25 projets du plan d’urgence, et sur plusieurs chantiers à la fois, pour améliorer les conditions de l’enseignement/apprentissage et réussir l’école de demain. Par ailleurs, qu’on le veuille ou non, à notre époque, les générations qui naissent sont entourées de numérique et notre obligation est de les orienter dans la mesure du possible pour leur permettre d’en tirer meilleur profit.


- Que répondez-vous au scepticisme qui existe encore autour de la mise en place réelle de ce programme?


- Que tout simplement notre programme avance et qu’il faut accorder à tous les acteurs concernés un temps de latence, simplement le temps qu’il faut pour réussir une véritable conduite de changement, laquelle ne peut se faire sans créer des insatisfactions. Notre souhait est que nos efforts institutionnels soient appuyés par d’autres émanant des équipes, des volontaires, des utilisateurs convaincus, pour qu’il y ait un véritable rayonnement de la culture numérique saine dans nos établissements scolaires.


Propos recueillis par J. K.
(1) Technologies de l’information et de la communication dans l’éducation
  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire